16 sept. 2006

Un jour pas comme les autres.

7 :07
…Le radio réveil s’ allume, et tu émerges péniblement au son d’ une nouvelle chanson dont tu as déjà entendu le titre au moins dix fois, et que tu n’ aimes pas, pas juste parce que tu es dans le gaz, mais juste parce que c’ est mauvais .
Pas de chances, ce titre va devenir un hit, et ça se trouve même en fait dans deux mois tu auras appris à l’ aimer cette chanson . Si ça marche pour les millions d' autres habitants de ce pays, pourquoi pas moi ? Autant de personnes ne peuvent avoir tort...
Dans la glace de la salle de bains tu as une bonne tête de looser, et après t’ être lavé et rasé, tu ressembles au même looser, mais lavé et rasé . Déjà ça de pris .
Peut-être que si tu avais utilisé ce gel douche qu’ utilisent ces mecs si virils dans la pub, tu aurais l’ air plus séduisant et sûr de toi . Et si tu avais utilisé ce rasoir produit de la technologie spatiale, tu aurais l’ air d’ avoir 10 ans de moins . Mais tu t’ en fous un peu, alors tu as ta tête habituelle, un milieu de gamme de la production génétique actuelle .
Paraître c’ est être .
Tu petit-déjeunes rapidement, mais tes céréales n’ ont pas fait snap , crakle and pop, pas sûr que ta journée commence bien du coup, ça a juste fait « sproatch » dans le fonds de la poubelle, parce que tu es en retard et qu’ il faut que tu partes .
Dans l’ ascenceur, tu croises une voisine et un voisin, tu remarques qu’ elle le regarde discrètement . Normal, il porte un superbe costume de ce créateur japonais si réputé, et tu sens qu’ il a utilisé une eau de toilette qui dégage un parfum rappellant un peu la mer, mais avec une pointe de poivre et de citron derrière…Ou alors tu as lu ça quelque part dans un magasine chez le coiffeur, tu ne sais plus .
Tu croises le regard de la femme mais une demi-seconde te suffit à savoir que tu ne l’ intéresse pas . Ou peut être ton déodorant n’ est pas de la bonne marque, va savoir .
Tu sors de l’ immeuble, marches un peu pour rejoindre l’ entrée du métro . C’ est une belle journée ensoleillée de septembre, comme tu les aimes, une température un peu fraiche mais un soleil rayonnant et pas aussi agressif qu’ en plein été .Malgré cela , tu n’ as pas croisé un seul sourire en marchant vers le métro . En même temps faudrait donner l’ exemple . Ah, il y avait peut être cet enfant dans les bras de sa mère qui t’ as souri, mais ça ne compte pas, sa mère ne lui a pas encore dit ce qui l’ attend dans la vie .D’ailleurs elle ne le fera pas, c’ est donc potentiellement un futur Toi .
En attendant le métro tu regardes une pub pour une agence de voyages, elle te dit qu’ avec un peu de ton salaire tu peux échapper à cette routine que tu es en train de vivre à ce moment même . Logique, à quel meilleur instant pourrais-tu être plus réceptif, sur un quai de métro à attendre d’ aller travailler dans une tour grise derrière un bureau gris ?Par contre la pub a oublié que tu ne gagnais pas tant que ça, alors ce n’ est pas demain que tu mettra les pieds dans cet avion à destination d’ un pays ensoleillé…Mais le message était peut être adressé à quelqu’ un d’ autre ?
…Tu sors du métro, après avoir suivi dans les couloirs tous ces dos gris qui vont dans la même direction que toi, et tu arrives au pied de ta tour de bureau .
Il est 8h35 , tu as un peu d’ avance comme d’ habitude, mais ton bureau est situé dans les étages, alors tu arrives toujours un peu en avance . Il faut bien quelques minutes pour prendre l’ ascenceur, s’ asseoir, allumer son ordinateur, se faire à l’ idée que pour une journée de plus tu ne feras pas ce que tu voudrais vraiment faire, même si tu ne sais pas quoi…Tu ne sais pas ce que tu veux, mais de toutes façons tu ne l’ auras pas…Merci Johnny, et que Dieu sauve la Reine .
Mais non . Tu t’ arrêtes au pied de la tour de ton bureau . c’ est bien la première fois en 11 ans que tu t’ arrêtes là, à 9 mètres du hall d’ entrée . La fumée des premières cigarettes de la journée t’ agresse le nez, d’ habitude tu traverses ces groupes de fumeurs rapidement, mais là, de rester avec eux, tu te dis que la seule raison pour laquelle ils fument, c’ est pour retarder le début de leur calvaire .
Ou peut être pour avoir l’ air cool et socialiser autour d’ un moment de détente commun, même si il entraine la mort . Finalement quel bel exemple de partage avec les autres : « fumons ensemble, je te donne un peu de mon temps, je te donne un peu de ma vie » .
Non, aujourd’ hui, tu n’ iras pas bosser . Pas l’ envie . C’ est pas grave, il y a toujours un bon moyen de s’ en tirer avec une excuse moyenne . De toutes façons, ton travail n’ est pas indispensable, ton boss sait à peine qui tu es, et il ne s’ en souviendra pas ou confondra avec quelqu’ un d’ autre . Il fait beau, tu as la journée devant toi pour trouver quoi faire ( rien peut être ), alors pourquoi se tuer à aller au travail ?
Tu fais demi-tour, et tu marches, du côté ensoleillé de la place, en t’ éloignant du bureau . Tu défais ta cravate et rien que le fait de la plier et de la ranger te procures un immense plaisir…ou soulagement peut-être, tu as toujours pensé que la cravate avait été inventée pour diminuer l’ afflux sanguin vers le cerveau, et l’ empêcher de réfléchir correctement . Si on réfléchit on comprends vite que la cravate ne sert à rien, ainsi que pas mal de choses .
Et si finalement tu te prenais quelques jours pour vivre, prendre des vacances, prendre un avion vers le dépaysement…Fermes les yeux et imagine…Tu peux même déjà entendre les sons des réacteurs qui t’ emmenent ailleurs…
…Attends…Tes yeux sont ouverts . Ce bruit assourdissant . Tu te retournes et tu lèves les yeux vers la tour que tu viens de quitter, celle ou tu travailles habituellement .
…Ce ne serait pas un avion de ligne qui vient de passer par la fenêtre de ton bureau ?

2 commentaires:

Peewee Peeper a dit…

Eh oui, il y a des jours, comme ça, où il vaut mieux sécher le travail.
(belle revisite du thème)

Ada a dit…

ouh je suis impressionnée